C'est le 9 octobre que Gilbert Sinoué nous a fait le cadeau de venir du côté de la rue des Martyrs pour nous parler de son 22e livre : L'homme qui regardait la nuit, roman « intimiste », comme il aime à le dire.
« Vous, Béba, vous pouvez regagner votre ville, ou votre village, même des années plus tard, vous y apercevrez des traces du passé. Si votre école n'est plus là, votre maison le sera ; si la maison a disparu, vos pas vous mèneront dans un jardin, une église, vers un boulanger, un reste de quelque chose encore debout et intact. Il y aura toujours une vieille tante ou une cousine pour vous dire : "Salut ! Tu te souviens ?" Pas nous, en tout cas pas moi. Plus d'empreintes. Ou alors, des photos jaunies. Hiroshima. »
Après avoir consacré quelque trente années et des milliers de pages aux figures légendaires de l'Histoire : du Pape Calixte dans La Pourpre et l'Olivier à Moi, Jésus, d'Akhenaton à Avicenne ; après avoir mis son écriture au service des grandes douleurs de l'humanité : Un bateau pour l'Enfer, Erevan, Le Cri des pierres, Le Souffle du jasmin...
Gilbert Sinoué vient nous affirmer haut et fort : « Fini les romans historiques et leurs contraintes, je veux retrouver la liberté d'écrire la langue d'aujourd'hui. »
Oui, cher Gilbert Sinoué, nous avons aimé vous écouter, écouter votre chemin d'écriture.
Oui, nous avons aimé lire L'homme qui regardait la nuit, où nous avons retrouvé le merveilleux conteur que vous êtes. Nous avons voyagé avec vous vers l'île de Patmos, certes une destination plus proche, certes un temps plus proche : aucun siècle ne nous séparait de vos protagonistes. Mais c'est vous que nous avons retrouvé avec plaisir, vous et les questions fondamentales qui vous ont toujours préoccupé, vous et votre tentative désespérée de renouer avec les fils qui tissent les liens entre les hommes, d'œuvrer au dialogue des cultures, à la diffusion de la tolérance, à la sauvegarde des éphémères moments d'authentique humanité.
Puisse cette liberté nouvelle vous mener vers d'autres chemins d'écriture que nous sommes impatients de découvrir.
Merci, Gilbert Sinoué, pour ces échanges si pleins de votre chaleur et de votre générosité.
Voici un bel article sur L'homme qui regardait la nuit
http://plus.lefigaro.fr/tag/lhomme-qui-regardait-la-nuit
« Je ressemble aujourd’hui à cet être bizarre d’il y a longtemps, connu de tout l’Orient, moitié fou, moitié sensé et que l’on surnommait le Medjdoub. Exagérant sa démence, dès lors que l’on eut été tenté de le prendre pour sage ; redevenant lucide, quand on raillait sa folie. On pouvait l’entrevoir certains soirs, errant dans les lacis de Bagdad, d’Alep ou du Caire, avançant tête branlante à l’image des derviches, indifférent - en apparence - au monde qui l’entourait. Je suis celui-là. » (Livre des sagesses d’Orient)
C’est avec ces mots que Gilbert Sinoué se présente sur la page d’accueil de son site http://www.sinoue.com
Il faut un sacré courage dans ce monde l'on tente de nous entraîner dans des lectures-tablettes, déshumanisées, ou la défense du livre n'est plus qu'un combat de Mohicans, ou plus personne "n'a le temps", un sacré courage donc, pour avoir rendu possible la rencontre d'un écrivain et de lecteurs. Une oasis tout a coup! Un havre ! Chapeau Roula et merci pour tous mes frères de plume.
Rédigé par : Gilbert | 25 février 2013 à 19:07