Manuel Carcassonne Le Retournement tient à la fois de l’archéologie familiale, de la généalogie historique, du questionnement identitaire et de la fouille existentielle.
Comment le juif honteux de l’enfance est-il rendu à son judaïsme par la rencontre amoureuse avec son double inversé ?
Descendant de Juifs alsaciens par la mère et de la communauté judéo-provençale des Juifs du Pape par le père ; Nour est une arabe d’Achrafieh, née à Boulogne, d’origine grecque-catholique. D’un côté, des minorités persécutées; de l’autre, une minorité schismatique et persécutée : la rencontre improbable et fusionnelle de Carpentras et de Beyrouth ! Placé sous le signe d’une inquiétude mêlée d’ironie, ce récit est la plus merveilleuse réfutation qui se puisse imaginer à l’assignation identitaire qui caractérise nos temps modernes.
Diane Mazloum, Le Musée national, collection Ma nuit au Musée
Situé sur la ligne de démarcation qui fut la frontière visible, meurtrière, dite « la ligne verte » par la luxuriance de la végétation, entre Beyrouth-Est et Beyrouth-Ouest, tout au long de la guerre civile, laquelle dura 15 ans, si l’on admet même que la guerre est aujourd’hui achevée.
Romancière qui aime l’imagination et le passé récent. Elle n’aurait sans doute pas dû se frotter à la matière historique, sédimentée, confetti d’empires disparus, qui veille sous les murs et s’agrippe aux cryptes du seul musée qui fait office de mémoire au Liban. Musée d’une nation ou de l’absence d’une nation ?
Par quel miracle ce temple qui abrite les trésors des civilisations disparues, des Égyptiens aux Babyloniens, des Byzantins aux Mamelouks, a-t-il pu survivre aux assauts de la brutalité des hommes ?
Ici, c’est un franc-tireur qui creusa un trou dans le mur pour y viser le passant dont la tête éclatera. Là, ce sont les soldats israéliens qui se réchauffèrent à un brasier aux pieds noircis du Colosse. Ici, c’est une statuette en équilibre que le souffle de l’explosion du 4 août 2020 a fait dévier de son axe ? Là, ce sont les 31 statues aux yeux tournés vers l’intérieur qui semblent plus vivantes que les vivants du dehors ?
La romancière n’aime pas le passé lointain. Mais elle se rend compte, dans cet émouvant récit griffé de vérités, que de Rome à Beyrouth, c’est le passé qui fait le présent, c’est l’ombre des morts qui recouvre la pauvre existence des vivants et l’illumine.
Le mercredi 18 mai 2022 à 19h30
Paris 7° , 11 rue Barbet de Jouy
Diane Mazloum et Manuel Carcassonne seront avec nous pour nous parler d’amour, de mémoire, d’identité, d’ombre et de lumière.
Merci de bien vouloir confirmer votre présence par mail à [email protected]
Participation aux frais : 40 € (70 € pour 2) à régler sur place
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