J’avais seulement lu Scrabble de Michaël Ferrier …
Jeudi soir, sur le palier de ma porte, j’ai eu la sensation de retrouver un ami cher perdu de vue depuis longtemps. Miracle de la littérature qui permet ces liens du coeur à coeur, ces fils invisibles qui nous rendent familiers dans le sens de la famille.
La soirée, telle une causerie entre amis, fluide, légère et grave, aurait pu se prolonger jusqu’au matin…
L’enfance, un éblouissement, un état de disponibilité au monde qui passe par les cinq sens… un herbier de sensations subtiles… enfance qui lui a appris l’art des promenades avec détours et bifurcations, les aléas de la vie, et toutes les possibilités du pluriel, ce pluriel inscrit dans ses gènes et sa géographie.
Pour écrire, pour restituer, il faut se mettre au plus proche de la terre et la vision devient infinie, Michaël Ferrier se souvient de tout, mais surtout du jour précis où il est arrivé au bout de son enfance, jour où il a palpé de ses yeux l’horreur de la guerre et son incompréhension. La guerre ne se raconte pas !
Généreux, Michaël Ferrier nous a offert une petite leçon d’écriture :
La structure qu’il préfère nommer la composition (en trois actes telle la tragédie grecque, en spirale ou en cristal de neige, etc.) lui occupe longtemps l’esprit, mais une fois trouvée, le texte coule…
C’était un privilège d’écouter cet être empathique, forgé à des cultures différentes (Afrique Noire, Océan Indien, Japon), un homme à l’écoute des autres pour lesquels, à l’oral comme à l’écrit, il choisit les mots les plus simples, enrobés de poésie qui laissent place au jeu, jeux de mots qui se prolongent et se tendent pour accéder à d’autres sens, comme au Scrabble.
J’ai relevé son art du Portrait et ce matin lisant Kizu, la lézarde, un de ses premiers textes, j’ai compris qu’il le maîtrisait depuis toujours.
Philippe écrit : Nous avons tous été conquis par sa manière de nous faire partager avec beaucoup de gentillesse sa grille de mots primés liés à son enfance et sa petite adolescence en Afrique avec une subtilité et une précision de la langue qui nous rend à merveille les 5 sens, en particulier l’odorat et l’ouïe appliqués aux animaux, aux plantes, à la savane, au bruit de la ville et aux éléments ( pluie, vent , orage) .
Je vous invite à venir l’écouter à la Maison des Cultures du Japon, le vendredi 12 novembre à 18h pour une lecture musicale :
Relayer les voix de Fukushima
Faire circuler la parole, voilà l’objectif de Yasmina Ho-You-Fat, directrice de la compagnie de théâtre Le Grand Balan, quand elle recrée l’atmosphère d’un pitt: à l’origine destiné aux combats de coqs dans les Caraïbes, la troupe n’en retient pour son pitt à pawol (parole) que le lieu chaleureux, propice à l’échange pour y faire découvrir une œuvre. Y convier Michaël Ferrier, c’est accueillir un auteur de la créolité: celle de l’Océan indien qui l’a fait grandir, celle du Japon où il vit, enseigne et qu’il qualifie de « traversé par des problématiques de créolisation». Dix ans après la triple catastrophe, à travers la lecture d’extraits de récits de Fukushima rapportés par Michaël Ferrier, les comédiens, Yasmina Ho-You-Fat et Jean-Louis assarino, accompagnés du percussionniste Atissou Loko, donnent la parole aux condamnés à la « demi-vie » des zones contaminées avant de céder la place au romancier et traducteur René de Ceccatty qui assurera la modération d’un échange entre le public et l’auteur.
Pour vous inscrire : https://www.mcjp.fr/fr/agenda/pitt-a-pawol-de-michael-ferrier
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