Chers amis,
Agnès m’écrit : La rencontre était stimulante, de nombreux sujets abordés et Clarisse, une belle personne qui incarne l’écriture avec un équilibre remarquable.
C’était une joie pour moi de découvrir Clarisse Gorokhoff, l’auteure de Les Fillettes avec qui nous avons parlé de l’enfance dont nous gardons en apparence si peu de souvenirs mais qui laisse tant de traces en nous. Clarisse nous a lu le chapitre consacré à Ninon, la plus jeune des fillettes, qui, à 13 mois, a déjà développé des souvenirs sans les mots pour les dire. Pourquoi au moment où nous possédons enfin le langage et les mots pour dire, perdons nous la mémoire de nos souvenirs?
Clarisse nous a lu un chapitre des 5 chapitres du journal intime de la mère, et nous a dit avoir choisi d’intercaler ces pages de journal intime pour permettre à ses lecteurs d’approcher au plus près cette mère défaillante qui vit dans sa planète opiacée et souffre de ne pas réussir à être une mère comme les autres malgré l’immense amour qu’elle voue à ses filles.
Clarisse nous a aussi parlé de ses rituels d’écriture, de la place qu’elle laisse à l’inattendu dans ses développements, et nous a confié écrire avec sa chair.
Nous n’avons pas senti le temps passer, la rencontre aurait pu se prolonger plus longtemps, je sais que nous la retrouverons en chair et en os pour d’autres rencontres.
Je suis heureuse de vous convier à la prochaine soirée, jeudi 23 avril à 18h, autour d’une autre jeune romancière : Monica Sabolo pour Eden, éditions Gallimard. C’est son sixième roman après notamment Tout cela n’a rien avoir avec moi Prix de Flore 2013, Crans-Montana Grand Prix SGDL 2016 et Summer 2017.
« Un esprit de la forêt. Voilà ce qu’elle avait vu. Elle le répéterait, encore et encore, à tous ceux qui l’interrogeaient, au père de Lucy, avec son pantalon froissé et sa chemise sale, à la police, aux habitants de la réserve, elle dirait toujours les mêmes mots, lèvres serrées, menton buté. Quand on lui demandait, avec douceur, puis d’une voix de plus en plus tendue, pressante, s’il ne s’agissait pas plutôt de Lucy – Lucy, quinze ans, blonde, un mètre soixante-cinq, short en jean, disparue depuis deux jours –, quand on lui demandait si elle n’avait pas vu Lucy, elle répondait en secouant la tête : "Non, non, c’était un esprit, l’esprit de la forêt." »
Dans une région reculée du monde, à la lisière d’une forêt menacée de destruction, grandit Nita, qui rêve d’ailleurs. Jusqu’au jour où elle croise Lucy, une jeune fille venue de la ville. Solitaire, aimant malgré elle les garçons du lycée, celle-ci s’aventure dans les bois et y découvre des choses, des choses dangereuses…
La faute, le châtiment et le lien aux origines sont au cœur de ce roman envoûtant sur l’adolescence et ses métamorphoses. Éden, ou le miroir du paradis perdu.
Eden est un roman qui contient quelque chose d’insaisissable et d’envoûtant.
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