Chers amis,
Notre soirée de la semaine dernière sur Zoom autour de Joffrine Donnadieu pour Une histoire de France a été une belle réussite : nous étions 23 autour de Joffrine et nous aurions pu être 40. Au delà des chiffres, Joffrine nous a lu quatre passages essentiels de son livre, elle aurait pu nous en lire d’autres, tellement l’écoute était attentive.
Elle nous a parlé de la place de l’écriture dans sa vie, de sa formation théâtrale, de son désir de s’occuper des empêchés, ceux qui n’ont pas accès à la culture, ces petits soldats inconnus à qui elle a dédié son livre et auprès de qui elle a choisi de travailler. Du milieu psychiatrique qui la mène à toucher la complexité de l’humain. Elle nous a parlé des guerres dont il est question, de la place du corps qui est à l’origine de tout, ce corps avec lequel elle-même écrit. Elle nous a parlé des fiches détaillées qu’elle établit sur ses personnages, de réécriture, et tant d’autres choses. MERCI JOFFRINE de nous avoir offert ce temps.
Je suis heureuse de vous convier à la prochaine soirée, jeudi 16 avril à 18h, autour d’une jeune romancière Clarisse Gorokhoff pour Les Fillettes, édition Les équateurs. Clarisse a publié chez Gallimard ses deux précédents romans : De la bombe et Casse-gueule.
Dans Les fillettes Justine, Laurette et Ninon assistent au long naufrage de leur mère qui sombre dans la drogue et l’alcool, sans que leur amour, ni celui de son mari Anton ne puissent enrayer cette spirale infernale. Douloureux souvenirs d’enfance sublimés par une écriture au scalpel, ce roman est le premier qui convoque directement des souvenirs d’enfance de Clarisse qui nous livre un drame et en même temps un hommage à une mère qui se voulait libre. Il s’agit d’amour et de sororité :
Anton est persuadé : un jour, elle ira bien. Ce n’est pas une intuition. C’est une décision. La femme pour laquelle il éprouve ce drôle de sentiment – capiteux mais merveilleux – ne sera plus hantée. Un jour, la vie lui paraîtra aussi plausible qu’aux autres. Et légère. C’est le défi qu’il s’est promis de relever. S’il l’avouait à Rebecca, elle lui rirait au nez. Pas méchamment, non. Après un éclat de rire désinvolte, légèrement grinçant, elle dirait : « C’est mignon Anton, c’est mignon de voir les choses comme ça. Si la vie pouvait être aussi simple…!
Ce sont à la fois ses propres souvenirs d’enfance, mais aussi les émotions partagées par la fratrie que Clarisse appelle dans son roman . C’est après avoir retrouvé des lettres adressées par sa grande sœur à sa mère lui enjoignant de ne pas mourir, alors qu’elle était déjà dans le coma, que Clarisse a eu le déclic. Dans un entretien, Clarisse raconte qu’elle a « été bouleversée par sa petite écriture maladroite et pleine de fautes (elle venait tout juste d’apprendre à écrire) qui donnait à sa mère de tels ordres existentiels. Ça été un choc et une révélation: il lui fallait replonger dans cette histoire et l’écrire.»
J’ai été particulièrement touchée par cette écriture distanciée qui nous raconte ce drame à travers les yeux d’une petite fille. J’y ai trouvé une sonorité et une sororité rêvées.
Vous pouvez d’ores et déjà télécharger Les Fillettes sur tablette ou attendre notre rencontre et la présentation par l’auteure.
Commentaires