Merci Béatrice Dejour pour ce beau retour :
La rencontre de Soana Kristen a quelque chose d’inhabituel, car elle est riche de sa pratique de la psychanalyse, et d’un vécu singulier. Ce vécu est lui-même tissé de rencontres. La rencontre de ses consultants, de l’Orient, et du mystère.
Soana Kristen présente son cheminement, sa pratique de la psychanalyse et, en particulier, sa manière d’appréhender le rêve. Elle nous invite au voyage en nous diffusant un diaporama. Un voyage vers l’Orient, dans un temps aboli par les multiples échos et résonances de traditions diverses en apparence. Un voyage empreint de beauté, de musique, de danses, de couleurs, de parfums évoqués, d’érotisme. Sens exacerbés, poésie, amour, féminin sublime. La Vie.
Ce voyage en diaporama esquisse les lignes de force de l’œuvre. Une œuvre où les narrations s’entrecroisent - le mystère étant entretenu par une intrigue policière -, où les dialogues d’Anaïs avec Soana alternent avec une correspondance entre Anaïs et M. N. (haine), où le rêve nous transporte auprès de Roxane à la cour du roi Agung… Un voyage onirique durant lequel les voix se mêlent et nous font perdre tout repère. Là, sans doute, un sens est à extraire.
Le romanesque est érudit, il ranime une co(n)-naissance moribonde en Occident, qui prend ses sources dans l’Antiquité et traverse le Moyen Âge jusqu’à nous. Certains passages semblent s’inscrire dans le monde sensible, tels ceux d’échanges avec Julien Gracq, qui sont l’occasion d’une réflexion sur le rêve et sur son interprétation (dont les clefs sont au nombre de douze). D’autres nous propulsent dans le conte et le mythe, dans un « ailleurs » qui, pourtant interroge notre sensible.
L’exploration du rêve, des fantasmes et de leurs enjeux, ainsi que du désir, de ses manifestations et de ce qui le meut, nous pousse vers une quête portée par une transmutation. Invitation à devenir soi-même, à rechercher le « fil de l’intuition du cœur », en succombant à l’Eros… Divinisation de l’être aimé, qui mène à la découverte suprême…
La beauté de l’ouvrage est amplifiée par ses nombreuses illustrations.
Il serait vain de prétendre épuiser les richesses d’une telle œuvre en quelques mots… Il faut la lire.
Béatrice Dejour