En 1998, pendant que je lisais LE DIT DE TIANYI, j'ai ressenti comme une urgence, celle de rencontrer l'écrivain qui a écrit le livre que j'étais en train de dévorer et de savourer à la fois, lisant et relisant avec impatience et attention chacune des pages. Je pense l'avoir lu trois fois la première fois.
La chance et surtout l'amitié ont permis cette rencontre.
Depuis, je suis devenue une inconditionnelle de ce poète, philosophe, calligraphe, traducteur, passeur, et surtout romancier, le roman étant pour moi l'art suprême, celui qui permet aux profanes de s'introduire dans les temples les plus réservés.
Ce livre m'a bouleversée, soudain des pages d'histoire s'éclairaient pour moi, du point de vue non des théoriciens mais de ceux qui ont vécu, subi ou participé aux évènements. Une nouvelle pensée faisait résonner d'autres pensées éteintes en moi depuis longtemps, j'avais comme repris un droit depuis longtemps banni, celui de m'extasier, d'admirer, de pleurer et de rire sans être automatiquement classée dans la catégorie des ringards sentimentaux. Une épopée franco-chinoise prenait vie, nouvelle odyssée qui me redonna un irrépressible besoin de peindre. Les pages sur la peinture occidentale et plus spécialement celle de la renaissance, sont éblouissantes. Cheng ne se contente pas de dire la beauté, il nous livre une vision, comme il l'explique page 162.