« Pourquoi une mère qui, toute sa vie, a dispensé affection et amour à son fils ne peut-elle supporter la femme qui aime son fils et qu’il a choisi d’aimer ? Pourquoi une femme qui apprécie, investit et aime un homme supporte-t-elle mal la mère avec laquelle cet homme a fabriqué sa perception de l’amour ? Pourquoi de telles dissensions depuis toujours et où que ce soit dans le monde ? »
Cher Aldo Naouri,
Vous êtes venu illuminer de tous vos talents de conteur une soirée littéraire du côté de la rue des Martyrs et vous vous êtes demandé si un pédiatre a vraiment sa place dans un espace consacré à l’écriture.
Vous dites que votre écriture n’est pas celle d’un écrivain. C’est l’acte politique d’un homme qui veut absolument transmettre la somme de son savoir acquis par quarante années d’exercice de la pédiatrie, et des dizaines d’années de recherches pluridisciplinaires, consacrées à décrypter les symptômes des enfants. A chaque fois, vous avez trouvé, tapis sous l’expression de la maladie, une histoire familiale, des conflits, des drames et des choses tues. Au point de vous engager dans une psychanalyse personnelle pour ne pas risquer de vous fourvoyer dans l’analyse de ce qui vous était confié, pour ne pas risquer de manquer la lecture d’un quelconque indice qui pouvait vous aider à mieux soigner.
Vos écrits et vos prises de position ont suscité bien des oppositions et tergiverses auprès des chefs de file des disciplines sur lesquelles vous avez empiété : Linguistique, Sociologie, Anthropologie, Biologie, Génétique. Vous avez poursuivi, envers et malgré tout, votre mission, animé par cette imperturbable foi qu’à tout moment, il est possible de reprendre les choses. Rien n'est irréversible.
Vous nous avez expliqué le point de départ de cet universel conflit belle-mère et bru quand la première trahit son clan pour rejoindre celui de son fils dont la lignée vient de s'interrompre avec la naissance de son enfant. Vous nous avez redit la nécessité de redonner au père son pouvoir, et de maintenir les femmes dans leur puissance pour que demeure cette dialectique pouvoir/puissance, si fondamentale.
De la permanente disponibilité sexuelle des femmes, qui a rendu les hommes littéralement fous, à la première Loi humaine, celle de l'interdit de l'inceste décidée par les hommes sans la consultation des femmes, le duel est né, il est nécessaire, il nous faut le maintenir...
Oui, cher Docteur Naouri, votre écriture est bien un acte politique d'un homme qui ressent l'urgence de transmettre son acquis.
Ce soir-là, exceptionnellement, de nombreux couples étaient là. Vous avez répondu à tant de questions, la rencontre a duré deux heures et aurait pu s'étendre plus longuement.
Nous étions joyeux et graves ce soir-là, et nombreux à avoir acheté votre livre, probablement à cause d'une soudaine envie d'avancer un peu mieux dans nos vies.
Continuez, cher Docteur, à nous écrire votre expérience, et venez nous la raconter aussi souvent que vous le pouvez.
Toute la bibliographie et de précieux articles sur le site : http://www.aldonaouri.com/